Requiem pour une muse perdue
Par Chantal DesRochersÊtes-vous de ces lecteurs qui croient qu’il faut deux ingrédients pour ficeler un bon roman : une histoire incroyable qu’on a l’impression de n’avoir lue nulle part et un style unique, déroutant ? Si oui, ouvrez Requiem pour une muse perdue, et vous serez agréablement servi.
Désirant ardemment explorer des territoires encore vierges, Sun-ève part à 20 ans étudier en France, accompagnée de son copain. Sauf que ce n’est pas sur les bancs d’école qu’elle use ses sens, mais auprès des Roms, en marge de Strasbourg. Ses rencontres avec l’étrange, où se glisse en catimini une folie insidieuse causée par l’appétit sexuel insatiable de Méliès, un Gitan rencontré au détour du hasard à la bibliothèque urbaine, se multiplient. Elles prennent une ampleur disproportionnée, difficile à gérer pour tout cerveau humain, aussi brillant soit-il. Diagnostiquée schizophrène, Sun-ève a mal à son hiver intérieur.
Soutenu par une écriture à quatre mains, celle de Chantal DesRochers et de José Claer, qui rappelle les plus belles pages de Boris Vian, Requiem pour une muse perdue est un cri de chair qui contamine même les plus insensibles à la poésie des écorchés vifs de la vie, les marginaux et les artistes qu’on a capturés vifs pour en faire de la pâture à fabrique de zombies dans un enfer masqué de blanc.
À vous de croire maintenant que l’amour et la mort sont les deux faces d’un même miroir et qu’il n’y a que la folie qui les sépare.